Bulletin de la Société Préhistorique Française, tome 71, 1974, Etudes et Travaux, fascicule 2

Anneaux de jambe et jambières à spirales de France

par Christiane Eluère

Autrefois, des interprétations souvent saugrenues étaient attribuées à ces parures de l'Age du Bronze, décrites tantôt comme « bracelet pour jouer à la paume » (Commarmond, 1855-57, p. 318), tantôt comme « diadème » (Marchant, 1876)...

En France, une première classification en a été donnée par F. A. Schaeffer, en 1926, d'après les nombreux exemplaires des tumulus de la forêt de Haguenau (Schaeffer, 1926). Il attire, à cette occasion, l'attention sur le port à la jambe ou à la cheville de ces objets souvent trouvés en place et évoque, figure 73, une filiation typologique :

1° « anneaux (ou bracelets) de jambe en fil de bronze à spirales plates » ;

2° « anneaux (ou bracelets) de jambe à spirales plates et corps formé d'un ruban de bronze à nervure médiane » ;

3° « anneaux (ou bracelets de jambe) gravés à fil contournant » ;

4° « énormes bracelets à spirales plates ».

Toutefois il pense que « la typologie comme « argument chronologique ne doit être invo- « quée ici qu'avec beaucoup de circonspection » et que « des types simples, a priori les plus « anciens... sont à Haguenau concurremment « emplovés avec les types les plus développés » (Schaeffer, 1926, p. 182).

En 1957, Nancy Sandars reproduit (Sandars, 1957, fig. 5) une succession typologique à peu près semblable, mais en y ajoutant une notion chronologique assez précise : ainsi, elle place au milieu du Bronze Moyen les trois premiers types et le quatrième, à la fin de cette même période, notamment dans son groupe de « Seine- Supérieure », c'est-à-dire « encore dans la tradition des tumulus du Bronze Moyen mais la « plupart du temps à la période transitoire des Champs d'Urnes » (Sandars, 1957, p. 70).

Depuis, quelques articles bien illustrés ont fait connaître de nouveaux exemplaires de ces

parures de jambe accompagnées d'un matériel significatif, comme à Veuxhaulles, à Champlay, entre autres... Ces objets conservent pourtant toujours un caractère « exceptionnel », parce qu'ils sont rares et souvent très décorés.

Afin, d'une part, d'éliminer définitivement les anciennes confusions, et surtout de récapituler les connaissances acquises sur cette famille d'objets de l'Age du Bronze, il semble à présent nécessaire de les regrouper en mettant en évidence les contextes fournis par les tombes ; les fragments de jambière trouvés dans les dépôts, ne pouvant apporter de précision typologique ou chronologique, ont été rassemblés à part, à titre d'information.

On est certain maintenant que ces objets constituaient des parures de jambe ; déjà, pour les exemplaires de la forêt de Haguenau, Nessel indiquait dans son journal de fouille, à propos d'un anneau (?) à spirales trouvé au milieu d'une tombe à inhumation (tumulus 25 de Kirchlach) (endroit sans doute inhabituel) qu'il dût être porté au bras, et que c'était là « un cas unique » qui s'était présenté à lui (Naye, 1905, p. 181). De plus, ils ont une typologie propre, qui justifie qu'on les étudie séparément, sans tenir compte de celle des quelques rares bracelets à extrémités spiralées de l'Age du Bronze trouvés en France, tels ceux de Boulogne (Pas-de-Calais) (Mohen, 1972, pp. 449-451, "fig. 3, n° 4), de Rongères (Allier) (Déchelette, 1911, fig. 1), rubanés à extrémités à double spirale, ou encore ceux de Rie- disheim (Zumstein, 1966, pp. 147-149), fils spirales à extrémités enroulées.

Les anneaux de jambe et jambières à spirales comportent tous :

1° une partie centrale enserrant la jambe ;

2° deux extrémités filiformes qui se terminent chacune en spirale plate ou légèrement protubérante au centre, du côté externe, après avoir — ou non — contourné la partie centrale (fil récurrent).

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